Qui sont ces musiciennes talentueuses et extraordinaires qui ont laissé leur marque dans une société où les femmes n’avaient pas de droits? Des femmes fortes et intelligentes, des génies indomptables qui, même dans l’ombre de leur père, leur frère ou leur époux, ont repoussé les limites en vraies pionnières!
TABLE DES MATIÈRES
Clara Schumann
Je vous présente Clara (Wieck) Schumann, la première de mes femmes musiciennes qui, en dépit d’être dans l’ombre de son époux, a scintillé comme artiste durant son temps.
Clara Schumann, née Wieck, est considérée comme l’une des plus grandes pianistes de l’ère romantique au XIX ͤ siècle. Née en Allemagne le 13 septembre 1819 d’un père musicien et d’une mère chanteuse (Marianne Tromlitz), sa carrière fut lancée à titre de concertiste prodige à l’âge de neuf ans. Son père Frédéric Wieck était reconnu comme un excellent professeur de piano et fut le seul enseignant de sa fille.
En 1929 vers l’âge de dix ans, ses premières œuvres, Quatre polonaises, sont publiées et plus tard, Soirées musicales (composé entre 1834 et 1836). Ses prochaines compositions sont très bien reçues et sont remarquées par d’autres grands musiciens, notamment Liszt. Une de ses pièces la plus célèbre est Trio pour piano, pour violon et violoncelle.
Composer me procure un grand plaisir… rien ne surpasse la joie de créer, car cela me permet de m’oublier pendant quelques heures et de vivre dans un univers de sons.
– Clara, au sujet de la composition
À l’âge de 16 ans, Clara tombe amoureuse de Robert Schumann, un ancien élève de son père. Dès qu’elle atteint ses 18 ans, le couple demande au père de Clara la permission de se marier, mais celui-ci refuse carrément. Les relations avec Frédéric Wieck deviennent difficiles et cette période est marquée par la séparation du jeune couple, par une communication secrète forgée grâce à l’aide de leurs amis, par des comparutions devant le tribunal et finalement, par la décision judiciaire d’accorder le mariage au couple en 1840. Ils auront huit enfants au cours de leur union et Clara dévouera sa vie à son époux et à sa musique.
J’ai déjà cru que je possédais un talent créatif, mais j’ai laissé tomber cette idée; une femme ne doit pas désirer composer... aucune n’a pu le faire. Devrais-je croire que je serais la seule?
– Clara Schumann à 20 ans
Clara n’a pas une vie facile; en plus des exigences d’une grande famille, son époux souffre d’une maladie mentale et en meurt en 1856.
En dépit de cela, elle produit durant sa vie une quarantaine de compositions, enseigne le piano au Conservatoire Hoch, à Francfort, est conseillère de Johannes Brahms et s’occupe de créer une édition complète des œuvres de son époux. De plus, elle fait des tournées à travers l’Europe et donne des concerts en interprétant majoritairement les œuvres de son mari Robert Schumann afin de les faire connaître aux gens et qu’ils puissent ainsi les apprécier. Incroyablement, sa carrière de concertiste a duré 61 années… jusqu’en 1891! Elle meurt en 1896.
Clara est non seulement l’une des rares femmes compositrices de son époque, mais c’est aussi une femme extraordinaire par sa vertu, à tous les âges.
Références : les articles portant sur Robert Schumann et Clara Schumann.
À consulter :
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Comment exister aux côtés d’un un génie (Fanny Mendelssohn, Clara Schumann, Alma Mahler) par Agnès Boucher
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Clara S./ Les secrets d’une passion par Claude Samuel
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Robert et Clara Schumann, Journal Intime, Buchet/Chastel, 2009 (ISBN 978-2-283-02387-7
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(article annexe) Clara, film réalisé par Helma Sanders-Brahms en 2008 qui raconte des épisodes de sa vie.
Maria Anna Mozart
Maria Anna Mozart, surnommée Nannerl, est née en 1751 à Salzbourg, en Autriche. Ses parents étaient Leopold, professeur de musique, violoniste et compositeur, et Anna Maria (née Pertl). Ils ont eu sept enfants dont seulement deux ont survécu à l’enfance.
Dès sa naissance, Nannerl fut entourée de musique à la maison et son père Leopold a commencé à lui enseigner dès l’âge de sept ans. Très tôt, elle fut reconnue comme une enfant virtuose, remarquable au clavecin et au piano-forte. C’est bien documenté dans des lettres et des journaux de l’époque qu’elle avait des habiletés musicales extraordinaires. On peut lire un article dans le « Augsburger Intelligenz-Zettel », daté du 19 mai 1763, qui décrit la prouesse de Nannerl de la façon suivante :
« Imaginez-vous une petite fille de onze ans interpréter au clavecin les sonates et les concertos les plus complexes des grands maîtres avec une remarquable précision et une légèreté, un talent et un style indicibles. Plusieurs en étaient émerveillés. »
Source: ritacharbonnier.com
De plus, elle pouvait noter de mémoire des mélodies qu’elle entendait à des concerts. Cela est corroboré par des lettres échangées entre elle et son frère cadet, Wolfgang. De temps à autre, elle transcrivait une pièce de musique qu’elle avait entendue à un concert et la postait à son frère Wolfgang, qui appréciait bien ce geste. On sait que Nannerl a aussi composé sa propre musique, car dans une lettre Wolfgang l’encourage à continuer à composer parce qu’il trouve sa musique très belle. Malheureusement, aucune de ses pièces n’existe aujourd’hui.
Wolfgang est né quatre ans après Nannerl et lui aussi fut reconnu très tôt comme étant un enfant prodige. Dès leur jeune enfance, leur père a fait promouvoir leur talent à la haute société européenne et aux cours royales à travers l’Europe. Comme de raison, c’était payant et les concerts leur ont permis d’avoir un statut social plus élevé et de garnir les coffres de la famille Mozart. À l’époque, Leopold était le « kapellmeister » à la cour du prince-archevêque de Salzbourg. Afin de faire connaître davantage le rare talent de ses enfants en Europe (Nannerl avait onze ans et Wolfgang sept ans), il a dû demander la permission pour s’absenter de sa responsabilité envers le prince-archevêque. La tournée a duré trois ans (1763-1766)! En 1769, Leopold et Wolfgang partirent pour une autre tournée en Italie, mais sans Nannerl.
Historiquement, c’était l’ère où l’on décourageait les femmes d’avoir une carrière musicale ou de composer leur propre musique, peu importe leur talent. Selon l'encyclopédie musicale New Grove,
« À partir de 1769, on ne lui a plus permis de montrer son talent artistique lors des voyages avec son frère, car elle avait atteint l'âge de se marier. »
C’est à ce moment-là que la vie des deux enfants fut traitée très différemment et que la relation entre eux s’est détériorée. Une fois adolescente, son père a mis toute son énergie sur son fils Wolfgang et il laissa sa fille à la maison avec leur mère. À cette époque, puisqu’il était acceptable dans la société qu’une femme puisse enseigner, Nannerl donnait des leçons de clavecin, ce qui permettait aussi d’aider financièrement la famille.
Nannerl tomba amoureuse de Franz d'Ippold, un capitaine et tuteur, qui demanda à son père Leopold la permission de l’épouser, mais ce dernier finalement refusa.
C’est Johann Baptist Franz von Berchtold zu Sonnenburg, un magistrat, deux fois veuf avec cinq enfants, qui fut choisi pour elle. En 1783, en dépit du fait que Wolfgang lui conseille de défier leur père et de marier l’homme de son choix, Nannerl, soumise à son père, l’épousa. Ils eurent trois autres enfants ensemble et elle dévoua les vingt prochaines années à élever leurs enfants. Au cours de leur vie d’adulte, Wolfgang et Nannerl n’échangèrent que quelques lettres formelles.
Elle donna naissance à son premier enfant en 1785 qu’elle nomma Leopold d’après son père. Un fait très intéressant est que son père éleva cet enfant jusqu’à son propre décès en 1787. Les historiens se demandent pourquoi Nannerl a permis ceci. Les raisons semblent nombreuses : la santé de Nannerl était fragile après la naissance de son enfant, le petit Leopold était malade, elle avait une grande responsabilité puisqu’elle devait élever cinq autres enfants et son père Leopold voulait se charger d’élever seul un autre génie musical. Quelle que soit la raison, ceci est une autre indication que Nannerl était subjuguée aux volontés de son père!
Après le décès de Wolfgang à l’âge de 35 ans, elle consacra son temps à promouvoir la musique de son frère. En 1801, son époux décède et elle retourne à Salzbourg, ainsi qu’à l’enseignement, avec ses quatre beaux-enfants et deux de ses enfants encore en vie. Plus
tard, elle dévoua une grande partie de son énergie à superviser la publication des œuvres de son frère Wolfgang Amadeus Mozart. Nannerl est décédée à l’âge de 78 ans, en 1829, sans avoir pu réaliser son rêve concernant ses propres compositions.
Ressources :
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Rita Charbonnier (it) a consacré à Maria Anna Mozart un roman, traduit en français en 2006, sous le titre La Sœur de Mozart.
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Dans Nannerl, la sœur de Mozart, film de René Féret sorti en 2010, elle est interprétée par Marie Féret.
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Rita Charbonnier, Was Nannerl as Great a Genius as Mozart himself?, sur le site Web Ritacharbonnier.com.
Fanny Mendelssohn
Dessin au crayon de Fanny Hensel
1805 - 1847, exécuté par son mari,
Wilhelm Hensel (Source : Wikipédia)
Fanny Hensel, née Mendelssohn, est une musicienne et compositrice qui aurait laissé sa marque dans le monde de la musique durant l’époque romantique allemande du XIX ͤ siècle si elle avait pu surmonter les obstacles de la condition sociale du XIX ͤ siècle et si elle avait eu l’appui de son père et les mêmes opportunités qu’a reçu son frère Félix.
La famille Mendelssohn était juive, mais les parents ont choisi d’élever leurs enfants dans la religion protestante afin d’éviter toutes les contraintes oppressantes imposées aux juifs. Née à Hambourg, en Allemagne, d’une famille intellectuelle et bourgeoise, Fanny et ses frères Félix et Paul ainsi que sa sœur Rebecca reçoivent une excellente éducation, leur mère étant leur première éducatrice. Leur père, Abraham, est banquier et leur mère, Lea, pianiste. Dès 1820, Abraham et Lea organisent des concerts chez eux dans leur salon. Ces concerts, appelés Sonntagsmusiken, où se rassemblent amis et membres de la famille, ont certainement contribué à l’éducation musicale de leurs enfants.
Très tôt, Fanny démontre des talents musicaux en tant que pianiste et compositrice. Elle étudie le piano avec Ludwig Berger et la composition avec Carl Friedrich Zelter, excellents et célèbres professeurs à Berlin.
Dès l’âge de 13 ans, Fanny a mémorisé les 24 préludes et fugues du Livre 1, Le clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach. Bien qu’elle est passionnée de musique et de composition, elle n’est pas encouragée à se dévouer à son art ni à publier ses pièces. La société du temps exige que la femme se conforme aux conventions sociales, son devoir d’épouse et de mère de famille étant au premier plan. Ainsi, elle est limitée par une société qui ne permet pas ce genre de publicité aux femmes et par un père qui écrit à sa fille de 15 ans :
« La musique deviendra peut-être pour lui [Félix] son métier, alors que pour toi elle doit seulement rester un agrément, mais jamais la base de ton existence et de tes actes. »
Source: Wikipédia
Son frère déconseille aussi à Fanny de publier ses œuvres :
« L’encourager à publier quoi que ce soit, je ne le puis, car ce serait aller contre mes convictions. Nous avons souvent discuté fermement de cela et je maintiens tout à fait mon opinion... Fanny, telle que je la connais, n’a jamais souhaité devenir compositrice ni avoir une vocation pour cela; elle est trop femme. Elle dirige sa maison et ne pense nullement au public, ni au monde musical, ni même à la musique, tant que ses premiers devoirs ne sont pas remplis. Publier ne pourrait que la distraire de cela et je ne peux pas dire que je l’approuverais. »
Source: Wikipédia
Il reste à nous poser les questions suivantes : Est-ce que Félix écrivit cela parce qu’il était jaloux des talents de sa sœur? Par égoïsme? Ou à cause d’une croyance mal placée de la société qui dicte la place d’une femme? Peut-être un peu de tout cela! Néanmoins, Fanny composa plus de 460 œuvres durant sa courte vie, étant décédée à l’âge de 41 ans.
Notamment :
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cinq lieder et un duo pour voix et piano (publiés en 1827 et en 1830, mais sous le nom de son frère Félix dans son recueil Liederheften op. 8 et 9);
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quatuor à cordes en mi bémol majeur composé en 1834 (publié 150 ans après sa composition);
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environ 250 lieder pour soprano et piano;
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plus de 100 pièces pour le pianoforte.
Fanny souffre de ces restrictions et écrit :
« Maintenant que Rebecca [sa sœur] a abandonné le chant, mes lieder ne retiennent plus l’attention et restent inconnus. Si personne n’émet jamais d’opinion ou ne s’intéresse pas du tout aux productions que l’on écrit, non seulement on y perd tout plaisir, mais en plus, tout pouvoir de juger de leur valeur. »
Source: Wikipédia
En 1829, Fanny épouse Wilhelm Hensel, peintre, poète et graveur. Un homme avec une approche plus moderne, il encourage Fanny dans ses œuvres tout au long de sa vie. De plus, il lui écrit plusieurs textes et poèmes qu’elle utilise dans ses lieder (le lieder est un chant basé sur un poème germanique, chanté par une voix et accompagné par le piano ou par un ensemble d’instruments).
Au cours de leur mariage, ils ont un fils qu’ils nomment Sébastien. Une fois mariée, Fanny continue les Sonntagsmusiken chez elle. Ce sont les seules occasions où on lui permet de performer devant un public d’amis et de membres de la famille, et de présenter ses propres œuvres. Les Sonntagsmusiken ont aussi permis à Fanny de diriger une chorale et l’orchestre de la Hofkapelle ainsi que de tisser des liens avec une variété de gens artistiques. Pour en nommer quelques-uns : les frères Humboldt, naturalistes et explorateurs, Franz Liszt, musicien et compositeur, Clara Wieck-Schumann, pianiste et compositrice, Johanna Kinkel, compositrice, écrivaine et révolutionnaire et Heinrich Heine, poète, entre autres.
Encouragée par son époux, « C'est seulement à la fin de sa vie que Fanny s'oppose à l'interdiction de son frère de publier ses œuvres. En un an, elle publie les lieder, les œuvres pour piano et les œuvres vocales pour chœur, avant d'être emportée par un AVC lors de la répétition pour une Sonntagmusik. Son mari poursuit la publication de ses œuvres après sa mort et c'est seulement en 1987 que la maison d’édition Furore Verlag complétera le catalogue avec des
œuvres qui sont restées non publiées depuis le milieu du XIX ͤ siècle. »
Source : France Musique
Essentiellement, c’est Félix Mendelsohn, le frère de Fanny, qui a reçu toute la gloire en tant que compositeur et musicien durant l’époque romantique allemande du XIX ͤ siècle. Mais Fanny mérite d’être placée dans la galerie des femmes les plus éminentes du XIX ͤ siècle.
À écouter sur YouTube :
Ressources :
À consulter :
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E. Sergy, Fanny Mendelssohn, d'après les mémoires de son fils, Paris, Librairie Fischbacher, 1893, 446 p. (lire en ligne)
Louise Farrenc (née Jeanne-Louise Dumont) est pianiste virtuose, professeure estimée et compositrice reconnue au XIX ͤ siècle. Elle est née à Paris, en France, le 31 mai 1804 de Jacques-Edme Dumont, un sculpteur, et de M. Elisabeth Curton.
Elle étudie le piano avec Anne Elizabeth Cécile Soria (qui fut une élève de Clementi), Ignaz Moscheles et Johann Nepomuk Hummel. En outre, elle suit des cours de composition avec Antoine Reicha, professeur au Conservatoire de Paris, même si les cours de composition étaient offerts uniquement aux hommes.
En 1821 à l’âge de 18 ans, elle épouse le flûtiste, compositeur et éditeur de musique, Aristide Farrenc (1794-1865). Les nouveaux mariés font une tournée de concerts à travers la France. Aristide se fatigue de ces aventures et une fois de retour à Paris, le couple fondra ensemble la maison de publication les Éditions Farrenc. Aristide se dévoue à établir les Éditions Farrenc (qui a eu beaucoup de succès durant une quarantaine d’années) ainsi qu’à organiser des activités musicales et à négocier des contrats pour sa jeune conjointe au talent exceptionnel. En 1826, elle met au monde leur fille unique Victorine. (Victorine deviendra aussi une excellente pianiste, mais elle mourra de la tuberculose en 1858.)
Source : Women’s Philharmonic Advocacy
Louise continue à performer pour le grand public et connaît un énorme succès comme virtuose surtout durant la décennie de 1830. En 1842, elle est embauchée en tant que professeure de piano au Conservatoire de Paris. C’est une position permanente qu’elle occupera durant une trentaine d’années (1842-1872). En dépit du fait que cette position au Conservatoire est très prestigieuse, elle fut payée moins que ses collègues masculins. C’est seulement après la triomphale première de sa Nonette pour cordes et vents en mi bémol majeur qu’elle demandera et obtiendra un salaire égal aux hommes professeurs au Conservatoire.
Louise compose principalement des œuvres instrumentales. Durant les années 1820 à 1830, elle se consacre surtout à la composition pour le piano. Dès 1834, elle
augmente son répertoire en composant pour l’orchestre, tel que des symphonies, des ouvertures, des variations pour piano et orchestre ainsi que de la musique de chambre. Elle ne composera jamais de musique pour l’opéra, bien que ce genre de musique fut très important à cette époque. Par contre, elle composera plusieurs pièces pour voix et piano ou orchestre, et de la musique chorale.
De plus, elle et son conjoint produisent et éditent ensemble l’anthologie de musique Le trésor des pianistes, une ressource de 23 volumes traitant du répertoire et de la performance stylistiques de la musique du XVI ͤ siècle jusqu’au milieu du XIX ͤ siècle. Louise complétera cette œuvre seule après le décès de son époux en 1865.
Durant sa vie et au cours des décennies après sa mort à Paris en 1875, Louise Farrenc a connu la célébrité et a gagné le respect et les éloges de ses contemporains. Cependant, aujourd’hui sa musique reste largement inconnue. Wikipédia cite :
« La raison principale en est sans doute que la compositrice s'est essentiellement consacrée à la musique instrumentale et n'a jamais composé d'opéra alors que ce genre était très prisé en France, surtout au XIX ͤ siècle. [Mais] le guide des Sources pour l'histoire des femmes avance qu'elle était au contraire ovationnée par ses contemporains, puis oubliée et négligée comme plusieurs autres compositrices. »
C’est à noter que plusieurs sources indiquent qu’elle souhaitait composer pour l’opéra sauf qu’on ne lui a jamais offert de libretto ni par le Théâtre de l’opéra ni par le Théâtre de l’opéra-comique.
Sa musique fut redécouverte au XX ͤ siècle à la suite d’un intérêt envers des femmes compositrices. En décembre 2013, Louise Farenc a fait l’objet du programme Composer of the Week à la radio BBC Radio Three.
À écouter sur YouTube :
Ressources :
Teresa Carreño (née María Teresa Gertrudis de Jesús Carreño García) est pianiste, compositrice, chanteuse et chef d’orchestre. Elle est née le 22 décembre 1853 à Caracas, au Venezuela, d’une grande famille musicale. Son arrière-grand-père paternel, Alejandro Carreño (1726-1791) est organiste, compositeur et chef de chœur et son grand-père paternel José Cayetano Carreño (1774-1836) est considéré comme l'un des meilleurs
compositeurs du Venezuela colonial. Teresa est la fille de Clorinda García de Sena y Toro (fille aussi d’un musicien) et de Manuel Antonio Carreño. Son père Manuel, un politicien, est son premier enseignant de musique dès l’âge de cinq ans. Teresa est si douée que peu après, il embauche le pianiste allemand Julio Hohené avec qui elle suit des cours de piano jusqu’à l’âge de huit ans.
En 1862, la famille émigre aux États-Unis et s’installe à New York où Teresa suit des cours avec Louis Moreau Gottschalk. De plus, il la promeut comme jeune artiste prodige et elle présente son premier concert public le 28 novembre 1862 au New Yorker Irving Hall. À neuf ans, elle accompagne l’Orchestre philharmonique de Boston en tant que soliste. En 1863, elle a l’honneur de jouer devant le
président des États-Unis, Abraham Lincoln. Et, à l’âge de douze ans, elle fait ses débuts à Paris en plus de suivre des cours de piano avec le grand musicien, Anton Rubinstein. En outre, elle fait la connaissance de beaucoup de musiciens renommés tels que Rossini, Liszt et Gounod.
Durant les années 1866 à 1872, elle voyage en Espagne, en France et au Royaume-Uni, donnant des concerts dans les grandes villes. Une fois rendue à Paris, elle étudie le chant avec Rossini et plus tard, avec Signor Fontana et la soprano russe, Herminia Rudersdorff (1822–1882). Cela lui permettra de jouer le rôle de la reine dans l’opéra Les Huguenots de Meyerbeer, en Écosse. Une fois de retour aux États-Unis, elle se joint à une troupe d’artistes renommés et de 1873 à 1874, elle chante avec la Société philharmonique en Angleterre. Par surcroît, elle joue un rôle principal dans l’opéra Don Giovanni de Mozart, à New York en 1876.
Teresa Carreño se mariera quatre fois au cours de sa vie.
La première fois, elle épouse le violoniste compositeur français Émile Saurat (de 1873 à 1875). Ensemble, ils ont une fille qu’ils nomment Émilia. Cette fille est placée avec la famille James Bischoff pendant que Teresa et Émile poursuivent leur carrière musicale en donnant des concerts à travers les États-Unis. Par la suite, Émilia sera adoptée par cette famille. Entre 1876-1885, elle conclut une union de fait avec le baryton italien Giovanni Tagliapietra. Trois enfants seront le fruit de ce mariage : Louisa (décédée à l’âge de trois ans), Teresita Tagliapietra-Carreño (qui deviendra pianiste) et un fils Giovanni (qui deviendra chanteur d’opéra).
En 1885, le président du Venezuela, Général Joaquín Crespo, invite le couple à Caracas afin d’y établir une maison d’opéra et un conservatoire de musique. Teresa Carreño donne plusieurs concerts, dont une représentation où elle joue sa composition Himno a Bolívar dédiée au président. En dépit du fait que le couple retourne à Caracas en 1887 avec une troupe d’opéra, ce rêve sera abandonné à cause de troubles politiques. Ils reprennent leur vie à New York et continuent leur tournée de concerts aux États-Unis.
En 1892, elle épouse son troisième mari, le pianiste compositeur allemand Eugen d’Albert. Ils auront deux filles, Eugenia en 1892 suivie de Hertha en 1894. Le couple se produit souvent en concert ensemble, mais Eugen est un homme contrôlant et le mariage se terminera en divorce en 1895. En 1902, elle épouse le frère de son deuxième conjoint, Arturo Tagliapietra. C’est la quatrième et dernière fois qu’elle se mariera.
En 1917, avant de partir en tournée pour l’Amérique du Sud, on lui diagnostique une diplopie, paralysie partielle du nerf optique. Étant trop malade pour continuer la tournée, elle quitte Cuba et retourne aux États-Unis. Elle décède le 12 juin 1917 dans son appartement à New York.
En conclusion, Teresa Carreño, célèbre, douée et grande dame, a vécu une vie très colorée. Elle a voyagé dans le monde entier (Amérique du Nord, Afrique, Australie, Nouvelle-Zélande, Russie, Amérique du Sud, États-Unis, entre autres) et a connu une grande célébrité. Elle était énormément respectée par ses pairs ainsi que par un public appréciatif. Elle est enterrée au Panthéon national du Venezuela.
À écouter sur YouTube des interprétations de Teresa Carreño :
Ressources :
Une femme qui avait du génie et qui est inconnue aujourd’hui, Francesca Cassini est née en 1587 à Florence, en Italie, durant l’époque de la Renaissance italienne. C’est une période de grands changements, surtout connue pour le retour à la culture classique dans la haute société. Puisque l’Italie se trouve au centre de la Méditerranée, elle devient riche économiquement en raison du commerce entre l’Asie et l’Europe. Grâce à cette richesse, l’Italie investit dans le domaine des arts et des sciences, et par la suite, ses concepts et ses idéologies se répandent à travers toute l’Europe. À cette époque, le choix pour les femmes était « grosso modo » d’entrer en religion ou de se marier. Puisque Francesca est née durant la Renaissance italienne, une période où les femmes professionnelles dans le domaine des arts pouvaient sortir de l’ombre, elle a pu connaître la célébrité.
Source : Montfrin Baroque
Francesca, surnommée « la Cecchina », est née d’une famille de musiciens. Son père, Giulio Caccini, est un musicien et compositeur réputé, et il participe aussi au développement de l’opéra (au début de l’ère baroque, l’opéra était connu comme étant une pièce de théâtre chantée et une forme musicale en évolution). Sa mère, Lucia Gagnolanti, est une chanteuse de grand talent ainsi que sa jeune sœur, Settimia. De plus, sa belle-mère, Margherita della Scala, est une excellente cantatrice et son demi-frère, Pompeo, un grand chanteur d’opéra.
Le père, Giulio, travaille pour la cour des Médicis. Ensemble, la famille Caccini chante et
joue pour les Médicis, une famille riche et puissante à Florence. Cette famille aristocrate emploie beaucoup de musiciens, d’artistes, de scientifiques et de mathématiciens, et toutes ces personnes au service des Médicis s’inspirent mutuellement et collaborent entre elles. Donc, la jeune Francesca est entourée de gens comme Michelangelo Buonarroti (poète), Jacopo Peri (compositeur) et Galileo! En effet, Francesca a accès à toutes sortes d’innovations musicales, artistiques et scientifiques grâce à son emploi.
Quant à son éducation, elle étudie plusieurs langues (y compris le latin et le grec), la littérature, les mathématiques, la géométrie, l’astrologie ainsi que la musique. À l’âge de treize ans, elle joue un rôle important dans « l’opéra » L’Euridice avec d’autres membres de sa famille. En 1604, le roi de France, Henri XIV, invite la famille Caccini à Paris afin de chanter devant sa cour royale. La talentueuse « Cecchina » n’a que dix-sept ans lorsqu’elle reçoit une excellente offre d’emploi de la cour d’Henri XIV. Cependant, le grand-duc de Toscane, Ferdinand 1 de Médicis, lui commande de refuser et la famille retourne à Florence.
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Une musicienne très populaire, elle joue cinq instruments : la harpe, le clavecin, le luth, le théorbe (instrument de la famille des luths) et la guitare. En outre, elle est une compositrice productive, chanteuse virtuose, poète, enseignante de musique et de composition, et une musicienne innovatrice.
Source : BBC Radio 3
Dès l’âge de 20 ans, Francesca, comme son père, est au service de la famille Médicis et elle y restera pour effectuer la majorité de sa carrière. En plus d’avoir présenté régulièrement des concerts publics et des concerts privés pour les membres de la famille Médicis (ainsi qu’à la cour du roi Henri XIV), elle est aussi connue comme étant la première femme à avoir composé de l’opéra. En 1626, elle est reconnue comme étant une des musiciennes les plus importantes en Europe et l’une des mieux payées à la cour des Médicis.
En 1607, Francesca épouse Giovanni Battista Signorini, chanteur, musicien et compositeur. En 1622, ils ont une fille, Margherita Signorini (1622 -1690), qui deviendra aussi une musicienne professionnelle ainsi qu’une religieuse. Après le décès de son époux Giovanni, à la fin de l’année 1626, Francesca quitte Florence pour la ville de Lucca où elle rentre au service du diplomate Vincenzo Buonvisi. C’est là qu’elle rencontre son deuxième mari, l’aristocrate Tommaso Raffaelli, avec qui elle aura un fils, Tommaso, né en 1628. En 1634, Francesca devient veuve pour une deuxième fois. Par conséquent, elle retourne à Florence avec ses deux enfants, où elle travaille au service de la grande-duchesse Christine de Lorraine et ensuite, pour la nouvelle grande‑duchesse Vittoria della Rovere jusqu’à sa retraite en 1637 (à noter que certaines sources citent qu’elle s’est retirée en 1641). Bien que Francesca cesse de présenter des concerts publics, elle continue à enseigner et à composer. En 1641, au mois de mai, elle quitte la cour des Médicis pour de bon et l’on n’entendra plus parler d’elle publiquement par la suite.
La date de sa mort est incertaine, mais il se peut que Francesca Caccini soit décédée en 1645 lorsque son fils Tommaso fut placé, en tant que pupille, chez son oncle, Girolamo Raffaelli.
Malgré le fait que la célèbre Francesca Caccini a composé plus de cent chansons, de la musique de salon et de théâtre, il y a très peu de ses œuvres qui ont subsisté! De plus, son opéra La Liberazione est le seul que l’on peut trouver aujourd’hui qui est complet.
À écouter sur YouTube des interprétations de Francesca Caccini :
Ressources :
Pauline Viardot
Pauline Viardot (1821-1910)
Lithographie de Pauline Garcia par
Bernard-Romain Julien (Source : Wikipédia)
Née à Paris, d’une famille espagnole et musicale, Pauline Viardot (née Michelle Ferdinande Pauline García) apprend à jouer de la musique très tôt. Son père, Manuel García, est son premier enseignant de piano et de chant. D’abord, toute la famille García est impliquée dans la musique :
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Son père, Manuel García, est ténor d’opéra espagnol, professeur de musique, compositeur ainsi qu’impresario.
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Sa mère, Joaquina Sitchez, est actrice espagnole et cantatrice.
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Son frère, Manuel García II, est un célèbre professeur de chant.
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Sa sœur, Maria Malibran, est une diva (une célèbre soprano, décédée à la suite d’un accident tragique en 1836 à l’âge de 28 ans).
À six ans, la jeune Pauline parle déjà quatre langues : l’espagnol, le français, l’anglais et l’italien. Plus tard, elle apprendra l’allemand et le russe afin de pouvoir chanter dans ces langues. Après le décès de son père en 1832, sa mère, Joaquina, lui enseigne la musique et insiste pour que sa fille se dévoue au chant, en dépit du fait qu’elle rêve d’être pianiste de concert. Bien qu’elle suit les conseils de sa mère, Pauline continue toujours à jouer du piano. En outre, elle suit des cours de piano avec Franz Liszt et des cours de composition (l’harmonie et le contrepoint) avec Anton Reicher.
Pauline fait ses débuts au piano à l’âge de quinze ans. Deux ans plus tard, elle chante à Londres dans son premier opéra. Une mezzo-soprano douée d’un registre vocal formidable, Pauline chante des parties soprano ainsi que des parties contralto. Elle est surtout réputée pour jouer des rôles dramatiques (Desdémone dans l’Otello de Rossini, Fidès dans Le prophète de Meyerbeer (1849), Rachelle dans La Juive de Halérys, etc.). En outre, elle poursuit sa passion pour le piano en jouant des duos en public avec sa chère amie, Clara Wieck, une pianiste virtuose. Aussi, elle compose des transcriptions vocales sur des mazurkas de Frédéric Chopin, un musicien renommé de l’ère romantique.
« J’ai vu Chopin, un des plus grands musiciens de notre époque, et
madame Pauline Viardot, la plus grande musicienne qui existe, passer des heures à transcrire quelques phrases mélodiques de nos chanteuses et de nos sonneurs de cornemuse. Ce n’est donc pas si aisé qu'on croit. » (G. Sand, Lettre à Champfleury, 18 janvier 1854).
Source : Wikipédia
Elle est aussi amie avec Amantine Lucille Aurore Dupin, une écrivaine qui porte le nom de plume George Sand, et qui est la maîtresse de Chopin. (Pauline Viardot demeurera amie avec George Sand et Frédéric Chopin tout au long de sa vie. Elle chantera le Requiem de Mozart aux funérailles de Chopin à Paris en 1849, à l’Église de la Madeleine.)
C’est George Sand qui conseille à Pauline d’épouser le directeur du Théâtre des Italiens et critique d’art, Louis Viardot, son aîné de vingt et un ans. Pauline García l’épouse en 1840 et ensemble ils auront quatre enfants. En suivant la tradition de la famille García, leurs quatre enfants deviendront eux aussi des musiciens :
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Paul est violoniste de concert.
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Louise Héritte-Viardot est compositrice et écrivaine.
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Marianne est peintre et cantatrice.
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Claudie est cantatrice.
Maurice Sand (1823-1889).
Portrait de Pauline Viardot. Huile sur bois.
Paris, musée de la Vie romantique.
(Source : Bonjour Paris)
En 1843, elle part en tournée en Russie où elle chante à Saint-Pétersbourg durant plusieurs saisons. Par la suite, elle devient une des premières artistes à promouvoir la musique russe à travers l’Europe. C’est aussi en Russie que Pauline rencontre Ivan Tourgueniev, un écrivain russe qui tombe amoureux d’elle et qui la suit à Paris, demeurant près d’elle jusqu’à sa mort en 1883.
Pauline Viardot est bien connue dans les domaines littéraires et artistiques à Paris. En effet, elle est si admirée que plusieurs compositeurs lui écrivent des compositions (Meyerbeer, Johannes Brahms, Camille Saint-Saëns, Robert Schumann et Gabriel Fauré).
En 1863, à l’âge de 42 ans, Pauline renonce à la vie de représentations publiques et, pour des raisons politiques, la famille Viardot part pour la ville de Baden-Baden, en Allemagne, où elle y demeurera jusqu’à la chute de Napoléon III en 1870. Par la suite, la famille retourne à Paris où Pauline Viardot s’établit au Conservatoire de Paris en donnant des cours de chant et en se dévouant à la composition.
Ses compositions incluent des transcriptions vocales de plusieurs artistes, des œuvres chorales, plus de cent chants, des opérettes et plusieurs œuvres de chambre.
Aujourd’hui oubliée, Pauline García Viardot fut adulée durant le XIX ͤ siècle. Elle décède à l’âge de 88 ans à Paris.
À écouter sur YouTube, deux chansons par Pauline Viardot : Aimez-moi ma mignonne et Hai luli!
Ressources :
Pauline Viardot dans les dernières années
de sa vie. (D.R) (Source: L'OBS)
Isabella Leonarda
Isabella Leonarda (1620 à 1704)
Portrait d’Isabella Leonarda de l’arbre généalogique de la famille Leonarda.
Source : The Norton/Groven Dictionary of Women Composers. p. 233.
Isabella Leonarda est née en 1620 à Novare, en Italie. Elle est une musicienne et une compositrice très productive de l’ère baroque.
L’ère baroque représente une époque artistique et littéraire, dans les années 1600 à 1750, qui débute en Italie dans de grandes villes telles que Venise, Florence et Rome. À cette époque, c’était très rare qu’une femme ait un emploi rémunéré dans le domaine de la musique soit avec l’Église, au théâtre ou dans une cour royale.
Instruments de musique baroque sur une table, par Baschenis
Source : Wikipédia
« Le peu de femmes qui ont réussi à faire carrière contre l’adversité avait de la détermination, de puissants clients (royauté, aristocratie ou l’église) et une famille qui les appuyait en plus d’un énorme talent. Aussi, plusieurs de celles qui n’ont pas eu la chance de voir leurs œuvres publiées de leur vivant ont été oubliées par l’histoire. » Nahoko Gotoh, 8 mars 2017
Source : bachtrack
Isabella est la fille de Giannantonio Leonardi et de sa femme Apollonia. Sa famille est riche et importante au niveau social et son père, qui a le titre de comte, a un doctorat en droit. Venant d’une telle famille, c’est probable qu’Isabella a quitté
la maison paternelle en ayant déjà une bonne éducation.
À l’âge de seize ans, Isabella rentre au Collegio di Sant'Orsola, un couvent des Ursulines, et devient religieuse. La famille d’Isabella fut l’un des bienfaiteurs du Collegio di Sant'Orsola et elle a continué son appui financier durant plusieurs années.
L’ordre des Ursulines fut fondé en 1535, en Italie, par Sainte Angèle Mérici. C’était un ordre religieux et catholique formé de femmes dédiées à l’éducation de jeunes filles ainsi qu’aux soins auprès des malades et des gens dans le besoin.
L’ordre de Sainte-Ursule
Source : Wikipédia
Au couvent, Isabella étudie la musique et la composition. On suppose qu’elle a dû suivre ses cours avec Gasparo Casati (1610-1641), le maestro de cappella (maître de chapelle), embauché à la cathédrale de Novare durant les années 1635 à 1641.
Par la suite, Isabella devient magistra musicae, professeure de musique pour les autres religieuses. De plus, cela lui permet de faire jouer ses œuvres par l’entremise des religieuses du couvent.
Par la suite, Isabella occupera de nombreux postes d'autorité au cours de sa vie au couvent et elle aura beaucoup d’influence :
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En 1676, elle est madre (mère);
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En 1686, elle est superiora (supérieure);
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En 1693, elle est madre vicaria (mère vicaire);
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Et en 1700, elle est consigliera (conseillère).
Elle composera au-delà de 200 œuvres durant une soixantaine d’années et, incroyablement, ses pièces furent publiées durant sa vie et elles existent encore aujourd’hui! Ses œuvres sont publiées dans une collection de 20 volumes et comprennent des motets, des concertos sacrés, de la musique pour des psaumes, des messes, des Magnificats et des sonates, entre autres. De plus, Isabella Leonarda est la première femme à être reconnue pour avoir publié des sonates.
Isabella représente la musicienne rare, mais typique de cette époque : elle devient religieuse, ensuite, compositrice. Lucrezia Orsina Vizzana (1590-1662), à Bologne, et Margarita Cozzolani (1602- vers 1678), à Milan, ont suivi un cheminement semblable à celui d’Isabella Leonarda. Malheureusement, aucune de leurs compositions n’existe aujourd’hui!
Ce qui distingue la musicienne et compositrice Isabella Leonarda, des autres compositrices moins connues historiquement, est le fait que ses œuvres furent publiées durant son vécu et n’ont pas été perdues! Une femme talentueuse, exceptionnelle et déterminée, Isabella Leonarda est une compositrice publiée durant l’ère baroque, un fait extrêmement rare pour l’époque! Elle décède le 25 février 1704 à l’âge de 83 ans à Novare, en Italie.
À écouter sur YouTube, des interprétations d'Isabella Leonarda :
Ressources :
Marcelle Germaine Tailleferre
Marcelle Germaine Tailleferre (1892 à 1983)
Portrait de 1937 (Source : Wikipedia)
Marcelle Germaine Tailleferre est une compositrice française. Largement connue pour être la seule femme compositrice du Groupe des Six, sa vie et ses compositions sont méconnues des mélomanes.
Elle est née sous le nom de Marcelle Taillefesse le 19 avril 1892, à Saint-Maur-des-Fossés, et elle est la cadette d’une famille de cinq enfants. Sa mère, Marie-Désirée Taillefesse, lui enseigne le piano à domicile dès l’âge de deux ans et vers les cinq ans, Marcelle expérimente avec la composition.
En 1904, elle entre au Conservatoire de Paris afin d’étudier le piano et le solfège, sans appui financier ni d’encouragement de son père. Puisque « Entrer au conservatoire ou faire le trottoir Saint-Michel » revenait au même » pour lui! Blessée et vexée avec le fait qu’il refuse de l’appuyer dans ses études musicales, Marcelle Germaine Taillefesse, maintenant jeune adulte, change son nom de famille pour celui de Tailleferre et se soutient financièrement en donnant des cours de piano. En 1906, Germaine Tailleferre remporte une première médaille en solfège. Ensuite, en 1913, elle reçoit le premier prix de contrepoint, en 1914, le premier prix d’harmonie et en 1915, le premier prix d’accompagnement.
En 1917, Germaine fait la connaissance des peintres Picasso et Modigliani. Au début de l’an 1918, de jeunes diplômés (incluant Germaine), nouvellement sortis du Conservatoire, présentent leur musique lors d’un premier concert dans l’atelier de l’un de ces artistes où les œuvres de Tailleferre, Jeux de plein air et Sonatine pour quatuor à cordes, sont très bien reçues! Ayant impressionné leur auditoire, les « Nouveaux jeunes », deviennent rapidement connus sous le nom, le Groupe des Six ou Les Six.
Tableau de Jacques-Émile Blanche, 1923 (Source : Wikipédia)
Les membres du groupe sont les suivants :
Germaine Tailleferre (1892-1983)
Georges Auric (1899-1983)
Louis Durey (1888-1979)
Arthur Honegger (1892-1955)
Darius Milhaud (1892-1974)
Francis Poulenc (1899-1963)
Ils se réunissent chaque samedi entre les années 1916 à 1923. En dépit du fait qu’ils composent seulement deux œuvres en collaboration (Album des Six, un recueil pour le piano, et Les Mariés de la Tour Eiffel, un ballet), ils demeureront amis tout au long de leur vie!
À cette époque, la musique impressionniste est en vogue. « Leur musique réagissait essentiellement contre l'impressionnisme et le wagnérisme.». Par contre, les Six sont influencés par les œuvres du compositeur Erik Satie et du poète, écrivain, dramaturge, scénographe et cinéaste français, Jean Cocteau.
En 1923, Germaine Tailleferre passe beaucoup de temps avec le musicien et compositeur Maurice Ravel. Ce dernier lui donne des conseils sur la composition et l’orchestration. De plus, Ravel l’encourage à se présenter au concours Prix de Rome.
Le style musical de Germaine contient des éléments néo-classiques, baroques et sériels. Plus tard, elle expérimentera avec le dodécaphonisme et retournera à un style semblable à ses œuvres faites avant la guerre.
Notamment, Germaine Tailleferre composera la majorité de ses plus importantes œuvres durant les décennies 1920 et 1930.
En 1926, Germaine épouse le caricaturiste américain Ralph Barton. Ils s’établissent à Manhattan, à New York, où Germaine rencontre les amis de Barton et devient amie avec Charlie Chaplin. Elle entame une composition pour Chaplin, mais tristement, un jaloux Barton n’approuve pas et elle dédiera son Concertino pour harpe et orchestre (1927) à son époux. Jaloux du succès musical de Germaine, la relation du couple deviendra par la suite tendue. En 1927, le couple retourne en France et en 1929, leur mariage se dissout. C’est à cette époque que Germaine compose l’une de ses rares œuvres féministes, Six chansons françaises (1929). Chaque chant est dédié à une amie et les textes, traitant de la condition féminine, sont tirés du XV ͤ au XVIII ͤ siècle. Deux ans plus tard, Ralph Barton retourne aux États-Unis et se suicide à la fin mai en 1931.
En 1931, à l’âge de 39 ans, Germaine met au monde sa fille unique, Françoise. L’année d’après, elle épouse Jean Lageat, le père de sa fille. Malheureusement, lui non plus n’appuie pas Germaine dans sa carrière musicale. Ainsi, elle se consacrera à l’éducation de Françoise et à son époux, atteint de tuberculose. (Ils divorceront en 1955.)
Avec l’arrivée de la Deuxième Guerre mondiale, Germaine quitte la ville de Grasse avec sa sœur et sa fille laissant la majorité de ses compositions en France. Elles s’esquivent à travers l’Europe et s’établissent aux États-Unis, à Philadelphie en Pennsylvanie. Après la guerre, Germaine retourne dans son pays natal et reprend la composition. Elle compose plusieurs œuvres instrumentales et populaires ainsi que :
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Des pièces pour le piano, la harpe et la guitare.
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Des œuvres orchestrales.
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Des quatuors à cordes.
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Des ballets pour orchestre.
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Des chants pour chorale et voix.
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Des ensembles.
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Des concertos.
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Des opéras‑comiques.
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De la musique de film.
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De la musique pour la radio, la télévision et le ballet.
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Des opéras de poche.
Curieusement, beaucoup de ses compositions ne seront pas publiées après son décès en novembre 1983, à Paris. Et fait incroyable, Germaine Tailleferre continue de composer deux semaines avant sa mort.
« Je n'ai pas un grand respect pour la tradition. Je fais de la musique parce que ça m'amuse, ce n'est pas de la grande musique, je le sais. C'est de la musique gaie, légère, qui fait que, quelquefois, on me compare aux petits maîtres du XVIIIe siècle, ce dont je suis très fière. »
- Germaine Tailleferre
À écouter sur YouTube:
Ressources :
Valborg Aulin est née en Suède de parents musicaux. Sa mère, Edla (née Holmberg), est chanteuse, mais n’a pas pu poursuivre sa carrière musicale pour des raisons de santé. Son père, Lars Axel, est un grand érudit de langues classiques et il est titulaire d'un doctorat en littératures grecques au sujet du poète Callimachus. De plus, il est violoniste amateur et fera par la suite partie de la Société Mazer de quatuor à cordes (Mazer String Quartet Society) où il jouera de l’alto ainsi que du violon.
La première enseignante de piano de la jeune Valborg fut sa grand-mère, mais à l’âge de 12 ans, Valborg est l’élève de l’éminente Hilda Thegerström. Hilda Thegerström (1838-1907) est l'une des plus importantes pianistes et concertistes suédoises durant le XIXe siècle. Madame Thegerström est aussi compositrice et une influente professeure de piano. D’ailleurs, elle conservera le poste d’enseignante principale de piano au Musikkonservatoriet (Conservatoire royal de musique) pendant 32 ans.
Par la suite, Valborg sera remarquée par Albert Rubenson, le directeur de Kungliga Musikaliska Akademien (l’Académie royale de musique en Suède). Ainsi, à 17 ans, Aulin est inscrite à l’Académie. Pendant cinq ans, de 1877 à 1882, Valborg étudiera la composition avec Hermann Berens et August Lagergren, l’orchestration avec Albert Rubenson et Ludvig Norman ainsi que le piano avec Hilda Thegerström. Monsieur Norman est un soutien important pour Valborg et il lui donnera son appui durant la majorité de sa vie. Lorsqu’il décède en 1885, elle composera la messe Pie Jesu Domine pour orchestre et chœur – l’éloge d’un élève pour son enseignant.
En 1880 à Söderköping, Valborg donne sa première prestation publique. Par la suite, elle partira en tournée à Norrland avec son frère Tor. Tor Aulin (1866-1914) est né six ans après Valborg. Il est violoniste (premier violon de l’Opéra royal de Stockholm) et compositeur. Plus tard, Tor deviendra le chef d’orchestre des orchestres symphoniques de Stockholm et d’une autre grande ville, Göteborg.
Lorsqu’elle devient récipiendaire du prestigieux Jenny Lind Mendelssohn Travelling Fellowship (1885 à 1887), elle part à l’aventure et à l’étude pour une série de tutoriels au piano avec Niels Wilhelm Gade à Copenhague. De là, elle passe du temps à Berlin et ensuite à Paris pour étudier la composition avec B. Godard, J. Massenet et E. Guiraud ainsi que pour suivre des cours avec la pianiste E. Bourgain.
Une fois de retour en Suède, Valborg débute sa carrière comme pianiste, compositrice et enseignante. En plus de composer et d’enseigner le piano, elle offre des cours de composition, d’harmonie et de contrepoint. En outre, elle donne des récitals de ses œuvres artistiques et elle joue régulièrement avec le fameux quatuor Aulin qui a été formé en 1887 par son frère Tor Aulin.
“Despite her total lack of outward charm, which Frenchmen are so highly appreciative of, she became popular due to her immense talent.” (« Malgré qu’elle soit complètement dépourvue de charme extérieur, auquel les Français sont si sensibles, elle est devenue populaire grâce à son immense talent. ») Anna Aulin (chanteuse et belle-sœur de Valborg Aulin)
En 1903, à l’âge de 43 ans, Valborg déménage de Stockholm à Örebro. Les éminents historiens ne s’entendent pas sur la raison pour laquelle elle quitte Stockholm, la ville où elle a été élevée. Ils supposent que c’est à cause des défis qu’elle a rencontrés en étant dans une culture et un environnement musical qui favorisent les hommes. Son frère Tor Aulin n’a sûrement pas eu les mêmes défis pour être accepté comme compositeur dans ce milieu typiquement masculin.
Les autres raisons supposées sont les suivantes :
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Elle voulait quitter l’environnement compétitif de Stockholm.
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Elle désirait vivre seule puisqu’elle vivait encore avec sa mère à cette époque.
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Le quatuor Aulin s’est dissous (1887-1912).
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Elle perd son mentor Ludvig Norman lorsqu’il meurt tôt en 1885.
En dépit du déménagement et des raisons supposées, elle continue de travailler comme enseignante, pianiste et organiste à Örebro ainsi qu’à présenter des concerts. Par contre, elle cessera de composer et peu à peu, Valborg Aulin sera oubliée lorsque ses œuvres seront de moins en moins présentées. Elle décède à l’âge de soixante-huit ans.
C’est seulement en 1991 qu’on entendra de nouveau la musique de Valborg Aulin lorsque son Quatuor No. 2 est ressuscité pour un concert.
Les œuvres de Valborg Aulin appartiennent à l’ère romantique et elles sont des compositions de caractère et d’ambiance. La majorité de ses pièces pour piano comportent un seul mouvement et ses œuvres sont écrites aussi bien pour des musiciens professionnels que pour des musiciens amateurs.
La liste suivante énumère la variété des compositions écrites par Valborg Aulin :
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Des œuvres orchestrales en plusieurs mouvements
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Des chœurs mixtes a cappella
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Des chœurs mixtes avec instruments
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Des chœurs mixtes et orchestre
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Des chœurs mixtes avec voix solo et orchestre
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Des chœurs pour femmes avec instruments
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Des compositions pour voix (lieder) et piano
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Plusieurs œuvres sans catégorie
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Des pièces pour violon et piano
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Des compositions pour piano
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Des compositions pour l’orgue
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Des quatuors à cordes
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Des œuvres pour cordes
Source : blogue de Juliana Madrone. (Son frère Tor Aulin à gauche et Valborg Aulin au centre)
À écouter sur YouTube, des compositions de Valborg Aulin:
Ressources :
Hildegarde de Bingen
Hildegarde de Bingen (1098 à 1179)
Enluminure de Hildegarde de Bingen
Hildegarde de Bingen est née le 16 septembre 1098 à Bermersheim vor der Höhe en Allemagne. Elle n’est pas seulement une musicienne et une compositrice reconnue du douzième siècle, mais elle est aussi mystique, écrivaine, praticienne de médecine holistique, chercheuse, poète, politicienne et écologiste!
Hildegard von Bingen représentée sur un vitrail de l'Abbaye Sainte-Hildegarde d'Eibingen
Source : francemusique.fr
En dépit du fait qu’elle appartient à l’époque du Moyen Âge, Hildegarde dépasse les restrictions et les limitations de son temps, et réalise multiples projets et œuvres!
Hildegarde est la dixième enfant d’une famille noble et riche venant d’une région de l'Ouest de l'Allemagne. Dès un très jeune âge, elle est possédée de phénomènes mystiques.
« Quand j’avais trois ans, j'ai vu une telle lumière que mon âme en a été ébranlée, mais à cause de mon âge, je n'ai rien pu dire. »
Hildegarde de Bingen (Wikipédia)
À l’âge de huit ans, ses parents, Hildebert et Mathilde de Bingen, la placent dans un couvent de bénédictines catholiques. C’est dans ce couvent, l'abbaye Mons Sancti Disibodi, qu’elle apprend à lire et à écrire en latin, et où elle est éduquée sous la tutelle de Jutta von Sponheim. Jutta von Sponheim (1091–1136), née aussi dans une famille noble, est la mère supérieure de l’abbaye Mons Sancti Disibodi.
Vers l’âge de quatorze ou quinze ans, Hildegarde de Bingen prononce ses vœux perpétuels, reçoit le voile monastique et devient religieuse bénédictine. Elle vivra à l’abbaye Mons Sancti Disibodi pendant 39 ans.
En 1136, Jutta von Sponheim décède et Hildegarde, à l'âge de 38 ans, est unanimement élue abbesse de Disibodenberg par les religieuses de sa communauté. Cependant, l’abbé Kuno de Disibodenberg lui offre la fonction de prieure, un poste sous son autorité. Puisque Hildegarde veut plus d’indépendance pour elle-même et ses religieuses, elle refuse le poste et demande d’être transférée à Rupertsberg, un endroit plus pauvre que celui de l’abbaye Mons Sancti Disibodi. Kuno refuse catégoriquement. En revanche, elle fait une demande auprès de l‘archevêque Henri I de Mainz et reçoit son approbation. En dépit de cela, l’abbé Kuno ne relâche pas ses objections jusqu’à ce que Hildegarde tombe malade et se retrouve paralysée et alitée, un mystère qu’elle attribue au Seigneur. Conséquemment, Kuno lui accorde sa permission et Hildegarde ainsi qu’une vingtaine de nonnes se relocalisent au monastère de Saint Rupertsberg où elles fondent l’abbaye de Rupertsberg (1147-1150). Là, un provost, du nom de Volmar, devient le confesseur et le scribe d’Hildegarde. En 1165, Hildegarde fond un deuxième monastère à Eibingen pour ses religieuses.
À l’âge de quarante-trois ans, elle commence à rapporter les visions qu’elle éprouve depuis son enfance dans un document intitulé le Scivias (1141 à 1151).
Une enluminure du Liber Scivias montre Hildegard dictant à son scribe et secrétaire une vision qu’elle a reçue.
Source : Wikipédia
Lors d’une grande assemblée d’ecclésiastiques à Trèves, en Allemagne, le pape Eugène III encourage Hildegarde à poursuivre ses activités littéraires. Cette approbation pontificale lui donne une crédibilité notable et instantanée. Il est évident qu’elle est une écrivaine prolifique et diversifiée! Son œuvre littéraire inclut, entre autres :
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Trois volumes de théologie visionnaire : Scivias seu Visionnes (1141-1151), une compilation de 26 expériences visionnaires; Liber divinorum operum simplicis hominis (1163-1173/1174); Liber vitae meritorum (1148-1163)
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Solutiones triginta octo quaestionum
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De Regula S. Benedicti
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Explanatio Symboli Sancti Athanasii
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Vita sancti Ruperti
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Vita sancti Disibodi
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Physica, sive Subtilitatum diversarum naturarum creaturarum libri novem sive Liber simplicis medicinae (1151-1158)
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Symphonia harmoniae coelestium revelationum
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Ignota lingua, cum versione Latina
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Tractatus de sacramento altaris
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Homeliae LVIII in Evangelia
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Causae et curae, sive Liber compositae medicinae
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Epistolarium
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Le codex Dendermonde (il contient une version de ses pièces musicales)
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Deux travaux d’hagiographie (une hagiographie est une biographie d’un saint ou d’un leader ecclésiastique); une des hagiographies est au sujet de Disibod, fondateur du monastère Disibodenberg et moine irlandais du septième siècle
De plus, Hildegarde invente une langue artificielle écrite et parlée, la Lingua Ignota, qu’elle seule peut décoder.
Hildegarde de Bingen est considérée comme étant la première naturaliste d'Allemagne et elle est aussi un médecin renommé de son temps! Elle écrira trois ouvrages de médecine, notamment :
La troisième vision du Liber Divinorum Operum (illustration de L’homme et de l’Univers)
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Liber divinorum operum simplicis hominis (Livre des œuvres divines), un livre de théologie et de philosophie qui propose sa vision de la création divine où l’existence de l’homme et sa connexion dans l’univers ne peuvent pas être séparées.
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Physica (De la nature), une description thérapeutique de presque trois cents plantes et leurs remèdes ainsi que les remèdes obtenus d’organes animaux de soixante et un animaux volants et quarante et une sortes de mammifères.
- Causae et curae (Les causes et les traitements), un exposé sur sa théorie des quatre humeurs (le sang, la bile jaune dit l’urine, la bile noire dit les selles et le phlegme). Hildegarde ne sépare pas le physique du spirituel. Elle explique que la santé du corps et de l’esprit sont liés tout comme le mystérieux et le céleste sont inséparables durant l’époque médiévale.
De plus, Hildegarde compose, dans un style musical de plain-chant (une seule ligne mélodique), au-delà de soixante-dix chants liturgiques ainsi que des hymnes et des séquences (des chants liés à l’alléluia) pour l’Église catholique. Elle compose aussi un drame musical, Ordo virtutum (Le jeu des vertus), pour le divertissement des femmes nobles et des religieuses. Cette pièce a pour sujet la moralité et contient quatre-vingt-deux mélodies. Les rôles des vertus féminines et de l’âme humaine furent chantés par des religieuses du couvent et celui du diable (uniquement parlé et crié), fut joué, selon les érudits, par Volmar, le scribe d’Hildegarde! Le message que les vertus féminines restaurent les âmes tombées au lieu des prophètes et des patriarches masculins, était significatif pour les religieuses de son couvent!
« La femme est peut-être créée à partir de l’homme, mais aucun homme ne peut être créé sans une femme. »
Hildegarde de Bingen (Wikipédia)
Sa Symphonia harmoniae celestium revelationum, considérée la plus grande collection musicale de chants du Moyen Âge, est organisée et conservée dans le Codex Villarensis, dans la bibliothèque de l'abbaye de Termonde. La majorité de ses œuvres littéraires et sa musique sont compilées dans le Riesencodex (1175–1190), un grand livre conservé à la Bibliothèque d’État de Hesse à Wiesbaden en Allemagne. Ce manuscrit contient toutes les compositions d'Hildegarde, sauf O frondens virga et Laus Trinitati (Dendermonde Codex ou Codex Villarensis).
En outre, il existe des dossiers de presque quatre cents lettres adressées à des abbesses et des abbayes, les papes Eugène III et Anastasius IV, Élisabeth de Schönau, une visionnaire, l’abbé Suger, homme d’État, l’empereur Frederick I Barbarossa de l’Allemagne, Saint-Bernard de Clairvaux, des géologues, des astrologues, et cétéra. Il y a aussi un nombre de dossiers portant sur les sermons qu’elle a prêchés publiquement à travers l’Allemagne entre 1160 et 1170. Dans ces sermons, elle dénonce la corruption cléricale et demande également une réforme auprès des laïques et du clergé.
Certainement pas typique du Moyen Âge, cette polymathe (une personne qui possède plusieurs talents et une connaissance approfondie sur divers sujets), était une visionnaire incomparable tout au long de sa vie. Le fait qu’elle venait d’une famille noble et qu’elle fut placée au couvent dans sa jeunesse lui a permis de recevoir une excellente éducation. Cette femme lettrée et mystique du Moyen Âge a propagé sa vision religieuse et ses idées à l’extérieur de son couvent, influençant des papes et de nombreuses personnes influentes.
Vita Sanctae Hildegardis est une hagiographie d’Hildegarde de Bingen compilée et complétée par le moine Theoderic d’Echternach après le décès d’Hildegarde en 1179.
Reconnue sainte par le peuple du douzième siècle, mais seulement bienheureuse par l'Église catholique à cette époque, elle est officiellement canonisée sainte par le pape Benoît XVI en 2012 et proclamée docteure de l’Église en octobre 2012.
Sculpture d'Hildegarde de Bingen à Eibingen (Wikipédia)
À écouter sur YouTube, ces musiques d'Hildegarde de Bingen :
Ressources :
À visionner :
« J’espère que ma musique ne va pas disparaître au fil des années. C’est toujours le désir d’un compositeur, de ne pas être oublié. »
Women of Note Quarterly, Vol. 6, numéro 1, p. 10, février 1998
Violet Louise Archer est une musicienne canadienne contemporaine. Elle est née Violet Balestreri à Montréal, au Québec, en 1913. Une musicienne accomplie, éducatrice respectée et compositrice talentueuse, elle est aussi ambassadrice canadienne pour la musique et partisane de la musique contemporaine.
Lorsque Violet a un an, sa mère, de descendance italienne, retourne en Italie afin de rassembler sa famille et de ramener Violet et ses frères au Canada. Malheureusement, la Première Guerre mondiale se déclenche et la famille Balestreri y restera cinq ans. En dépit d'être en Italie pendant la guerre, Violet garde de bons souvenirs de cette période, car elle est entourée de sa grande famille italienne bien-aimée, elle assiste à des concerts d’opéra et elle se fascine pour le piano. Lorsqu’elle a six ans, la famille retourne au Canada et Violet trouve sa passion. Depuis son plus jeune âge, elle reconnaît que la musique est une nécessité dans sa vie.
Violet débute son apprentissage musical au piano dès l’âge de huit ans. Elle apprend les rudiments de la musique et le solfège, et ensuite, elle continuera ses cours de piano au Montréal High School for Girls. À l’âge de dix-sept ans, elle est acceptée pour étudier à la faculté de musique de l’Université McGill. Durant son adolescence, Violet commence à composer pour le piano et lorsqu’elle assiste aux répétitions et aux concerts de l'orchestre de Montréal, elle souhaite composer pour l’orchestre. Étant membre d’une famille de plusieurs enfants, sa famille ne remarque pas son dévouement pour l’art de la musique. Ce qu’elle remarque cependant c’est que Violet se consacre au piano. Dès que son père comprend qu’elle aspire à devenir compositrice, il le lui déconseille fortement, car il croit que
« Une bonne fille se prépare au mariage. »
Women of Note Quarterly, février 1998, Volume 6, numéro 1, p. 3
Elle défie les souhaits de son père et se lance dans le monde de la musique où elle y fait carrière. Violet Archer ne se mariera jamais.
En 1940, la famille Balestreri change son nom de famille pour celui d’Archer (une traduction anglaise du nom italien). Cette même année, Violet débute sa carrière de compositrice et d’enseignante de piano, en plus d’être percussionniste (1940 à 1948) avec la Symphonie féminine de Montréal (fondé en 1940) et accompagnatrice à Montréal.
En 1942, après avoir soumis plusieurs de ses compositions au fameux pianiste, ethnomusicologue, éducateur et compositeur hongrois, Béla Bartók, ce dernier accepte Violet Archer comme étudiante en composition. Ainsi, elle part pour New York où elle se dévouera à la composition sous la tutelle de Bartók. Avec lui, elle découvre la musique folklorique hongroise, différents modes et rythmes, et en particulier la technique de variation. Plus tard, cette influence l’inspirera à utiliser dans ses compositions des chants folkloriques inuits, canadiens-français, autochtones nord-américains (Tsimshian de la Colombie-Britannique), ainsi que de la musique folklorique de la Nouvelle-Écosse.
En 1947, étant récipiendaire de bourses d’études de la province de Québec et de l’Université McGill, elle étudie la composition à l’Université de Yale avec l’altiste allemand, chef d’orchestre et compositeur Paul Hindemith, et elle obtient une maîtrise de l’Université de Yale en 1949. Violet passe une douzaine d’années à enseigner dans différentes universités aux États-Unis, mais elle retournera au Canada en 1961 pour s’y installer. Durant cette période, elle entreprend des études doctorales à l’Université de Toronto, mais elle renoncera à ses cours pour s'occuper de sa mère malade.
Tout au long de sa vie, elle recevra plusieurs diplômes et honneurs. La liste ci-dessous est impressionnante, mais incomplète :
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Certificat en piano (Teachers Licentiate), Conservatoire de McGill, 1934
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Baccalauréat en musique (composition), Conservatoire de McGill, 1936
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Diplôme associé du Collège royal canadien des organistes, 1938
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Une maîtrise en composition de l’Université de Yale, 1949
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Étudiante au Conservatoire royal de musique de Toronto pour la musique électronique, 1968
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Étudiante au Goldsmith College à Londres, en Angleterre, pour la musique électronique, 1973
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Professeure émérite à l’Université de l’Alberta, 1962 à 1978
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Enseignante à l’Université de la Saskatchewan, 1990
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Enseignante à l’Université de l’Alaska, 1992
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Professeure adjointe à l’Université Carleton
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Membre de l’Ordre du Canada
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Prix d’excellence de l’Alberta
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Prix du Compositeur de l’année du Conseil canadien de la musique
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La médaille du 125e anniversaire de la Confédération du Canada
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La médaille du jubilé d’argent de la reine Élisabeth II
Au cours de sa carrière, Violet Archer composera au-delà de 330 œuvres dans une variété de genres musicaux et pour tous les instruments. Par exemple :
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De la musique de chambre
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De la musique pour des instruments solos
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De la musique d’opéra
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De la musique symphonique
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Du chant choral
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De la musique de film
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De la musique électronique
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De la musique folklorique
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De la musique orchestrale
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Des pièces chorales
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Des pièces de percussion
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Des pièces vocales
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De la musique pour enfants
« L’œuvre de Violet Archer est phénoménale, et presque tout est incroyablement bien ficelé [...]. Pendant plusieurs décennies, elle a été l’une des compositrices les plus importantes au Canada. »
Julian Armour, violoncelliste
« […] elle a réussi à se faire connaître à un moment où il était difficile pour les femmes de se frayer un chemin dans le domaine de la composition. Elle fait partie d’un triumvirat de compositrices canadiennes des Temps modernes, avec Jean Coulthard et Barbara Pentland, qui se sont démarquées. »
« Mon désir de composer était si grand, dès le début, que je ne me suis jamais vue comme seulement une femme compositrice. Je me suis toujours senti l’égale des compositeurs masculins. Je suis aussi bonne que les compositeurs masculins. Nous sommes tous ensemble des compositeurs. »
Violet Archer Women of note quarterly p. 9, février 1998
Cependant, Violet Archer croit qu’il y a plus de femmes compositrices qu’auparavant et que malgré les contraintes et les limites imposées chez les femmes musiciennes durant les époques précédentes, au 21e siècle, les standards professionnels musicaux pour les hommes et les femmes sont pareils. De plus, les femmes ont accès aux mêmes opportunités professionnelles et à la même éducation.
Une éducatrice et une étudiante tout au long de sa vie, Violet Archer décède le 21 février 2000 à Ottawa, en Ontario, au Canada.
« La personne créatrice continue de créer tout au long de sa vie. »
Violet Archer
Violet Archer
Source : l'Encyclopédie canadienne
À écouter sur YouTube, des compositions de Valborg Aulin:
Ressources :