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En sourdine

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Hildegarde de Bingen (1098 à 1179)

Enluminure de Hildegarde de Bingen

Hildegarde de Bingen est née le 16 septembre 1098 à Bermersheim vor der Höhe en Allemagne. Elle n’est pas seulement une musicienne et une compositrice reconnue du douzième siècle, mais elle est aussi mystique, écrivaine, praticienne de médecine holistique, chercheuse, poète, politicienne et écologiste! 

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Hildegard von Bingen représentée sur un vitrail de l'Abbaye Sainte-Hildegarde d'Eibingen
Source : francemusique.fr

En dépit du fait qu’elle appartient à l’époque du Moyen Âge, Hildegarde dépasse les restrictions et les limitations de son temps, et réalise multiples projets et œuvres! 

Hildegarde est la dixième enfant d’une famille noble et riche venant d’une région de l'Ouest de l'Allemagne. Dès un très jeune âge, elle est possédée de phénomènes mystiques.

« Quand j’avais trois ans, j'ai vu une telle lumière que mon âme en a été ébranlée, mais à cause de mon âge, je n'ai rien pu dire. »

Hildegarde de Bingen (Wikipédia)

À l’âge de huit ans, ses parents, Hildebert et Mathilde de Bingen, la placent dans un couvent de bénédictines catholiques. C’est dans ce couvent, l'abbaye Mons Sancti Disibodi, qu’elle apprend à lire et à écrire en latin, et où elle est éduquée sous la tutelle de Jutta von Sponheim. Jutta von Sponheim (1091–1136), née aussi dans une famille noble, est la mère supérieure de l’abbaye Mons Sancti Disibodi. 

Vers l’âge de quatorze ou quinze ans, Hildegarde de Bingen prononce ses vœux perpétuels, reçoit le voile monastique et devient religieuse bénédictine. Elle vivra à l’abbaye Mons Sancti Disibodi pendant 39 ans.

En 1136, Jutta von Sponheim décède et Hildegarde, à l'âge de 38 ans, est unanimement élue abbesse de Disibodenberg par les religieuses de sa communauté. Cependant, l’abbé Kuno de Disibodenberg lui offre la fonction de prieure, un poste sous son autorité. Puisque Hildegarde veut plus d’indépendance pour elle-même et ses religieuses, elle refuse le poste et demande d’être transférée à Rupertsberg, un endroit plus pauvre que celui de l’abbaye Mons Sancti Disibodi. Kuno refuse catégoriquement. En revanche, elle fait une demande auprès de l‘archevêque Henri I de Mainz et reçoit son approbation. En dépit de cela, l’abbé Kuno ne relâche pas ses objections jusqu’à ce que Hildegarde tombe malade et se retrouve paralysée et alitée, un mystère qu’elle attribue au Seigneur. Conséquemment, Kuno lui accorde sa permission et Hildegarde ainsi qu’une vingtaine de nonnes se relocalisent au monastère de Saint Rupertsberg où elles fondent l’abbaye de Rupertsberg (1147-1150). Là, un provost, du nom de Volmar, devient le confesseur et le scribe d’Hildegarde. En 1165, Hildegarde fond un deuxième monastère à Eibingen pour ses religieuses. 

À l’âge de quarante-trois ans, elle commence à rapporter les visions qu’elle éprouve depuis son enfance dans un document intitulé le Scivias (1141 à 1151).
 

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Une enluminure du Liber Scivias montre Hildegard dictant à son scribe et secrétaire une vision qu’elle a reçue. 

Source : Wikipédia

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Lors d’une grande assemblée d’ecclésiastiques à Trèves, en Allemagne, le pape Eugène III encourage Hildegarde à poursuivre ses activités littéraires. Cette approbation pontificale lui donne une crédibilité notable et instantanée. Il est évident qu’elle est une écrivaine prolifique et diversifiée! Son œuvre littéraire inclut, entre autres :

 

  • Trois volumes de théologie visionnaire : Scivias seu Visionnes (1141-1151), une compilation de 26 expériences visionnaires; Liber divinorum operum simplicis hominis (1163-1173/1174); Liber vitae meritorum (1148-1163)

  • Solutiones triginta octo quaestionum

  • De Regula S. Benedicti

  • Explanatio Symboli Sancti Athanasii

  • Vita sancti Ruperti

  • Vita sancti Disibodi

  • Physica, sive Subtilitatum diversarum naturarum creaturarum libri novem sive Liber simplicis medicinae (1151-1158)

  • Symphonia harmoniae coelestium revelationum

  • Ignota lingua, cum versione Latina

  • Tractatus de sacramento altaris

  • Homeliae LVIII in Evangelia

  • Causae et curae, sive Liber compositae medicinae

  • Epistolarium

  • Le codex Dendermonde (il contient une version de ses pièces musicales)

  • Deux travaux d’hagiographie (une hagiographie est une biographie d’un saint ou d’un leader ecclésiastique); une des hagiographies est au sujet de Disibod, fondateur du monastère Disibodenberg et moine irlandais du septième siècle

 

De plus, Hildegarde invente une langue artificielle écrite et parlée, la Lingua Ignota, qu’elle seule peut décoder.

 

 

Hildegarde de Bingen est considérée comme étant la première naturaliste d'Allemagne et elle est aussi un médecin renommé de son temps! Elle écrira trois ouvrages de médecine, notamment :

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La troisième vision du Liber Divinorum Operum (illustration de L’homme et de l’Univers)

  • Liber divinorum operum simplicis hominis (Livre des œuvres divines), un livre de théologie et de philosophie qui propose sa vision de la création divine où l’existence de l’homme et sa connexion dans l’univers ne peuvent pas être séparées.

  • Physica (De la nature), une description thérapeutique de presque trois cents plantes et leurs remèdes ainsi que les remèdes obtenus d’organes animaux de soixante et un animaux volants et quarante et une sortes de mammifères.

  • Causae et curae (Les causes et les traitements), un exposé sur sa théorie des quatre humeurs (le sang, la bile jaune dit l’urine, la bile noire dit les selles et le phlegme). Hildegarde ne sépare pas le physique du spirituel. Elle explique que la santé du corps et de l’esprit sont liés tout comme le mystérieux et le céleste sont inséparables durant l’époque médiévale.

De plus, Hildegarde compose, dans un style musical de plain-chant (une seule ligne mélodique), au-delà de soixante-dix chants liturgiques ainsi que des hymnes et des séquences (des chants liés à l’alléluia) pour l’Église catholique. Elle compose aussi un drame musical, Ordo virtutum (Le jeu des vertus), pour le divertissement des femmes nobles et des religieuses. Cette pièce a pour sujet la moralité et contient quatre-vingt-deux mélodies. Les rôles des vertus féminines et de l’âme humaine furent chantés par des religieuses du couvent et celui du diable (uniquement parlé et crié), fut joué, selon les érudits, par Volmar, le scribe d’Hildegarde! Le message que les vertus féminines restaurent les âmes tombées au lieu des prophètes et des patriarches masculins, était significatif pour les religieuses de son couvent!

« La femme est peut-être créée à partir de l’homme, mais aucun homme ne peut être créé sans une femme. »

Hildegarde de Bingen (Wikipédia)

Sa Symphonia harmoniae celestium revelationum, considérée la plus grande collection musicale de chants du Moyen Âge, est organisée et conservée dans le Codex Villarensis, dans la bibliothèque de l'abbaye de Termonde. La majorité de ses œuvres littéraires et sa musique sont compilées dans le Riesencodex (1175–1190), un grand livre conservé à la Bibliothèque d’État de Hesse à Wiesbaden en Allemagne. Ce manuscrit contient toutes les compositions d'Hildegarde, sauf O frondens virga et Laus Trinitati (Dendermonde Codex ou Codex Villarensis). 

En outre, il existe des dossiers de presque quatre cents lettres adressées à des abbesses et des abbayes, les papes Eugène III et Anastasius IV, Élisabeth de Schönau, une visionnaire, l’abbé Suger, homme d’État, l’empereur Frederick I Barbarossa de l’Allemagne, Saint-Bernard de Clairvaux, des géologues, des astrologues, et cétéra. Il y a aussi un nombre de dossiers portant sur les sermons qu’elle a prêchés publiquement à travers l’Allemagne entre 1160 et 1170. Dans ces sermons, elle dénonce la corruption cléricale et demande également une réforme auprès des laïques et du clergé. 

Certainement pas typique du Moyen Âge, cette polymathe (une personne qui possède plusieurs talents et une connaissance approfondie sur divers sujets), était une visionnaire incomparable tout au long de sa vie. Le fait qu’elle venait d’une famille noble et qu’elle fut placée au couvent dans sa jeunesse lui a permis de recevoir une excellente éducation. Cette femme lettrée et mystique du Moyen Âge a propagé sa vision religieuse et ses idées à l’extérieur de son couvent, influençant des papes et de nombreuses personnes influentes.

Vita Sanctae Hildegardis est une hagiographie d’Hildegarde de Bingen compilée et complétée par le moine Theoderic d’Echternach après le décès d’Hildegarde en 1179.  

Reconnue sainte par le peuple du douzième siècle, mais seulement bienheureuse par l'Église catholique à cette époque, elle est officiellement canonisée sainte par le pape Benoît XVI en 2012 et proclamée docteure de l’Église en octobre 2012.
 

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Sculpture d'Hildegarde de Bingen à Eibingen (Wikipédia)

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