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Au pied du grand chêneChoeur Les Rhapsodes
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Sur les traces des voyageurs

Je n’avais jamais fait de canot sauf quelques balades sur la rivière Saint-Charles, à Québec, à l’adolescence. Ma première expédition en canot remonte en 1977 au Manitoba. Quatre gaillards déterminés à aller en aviron de la rivière Minago, juste au nord du lac Winnipeg, jusqu’à la rivière Hayes et ensuite, jusqu’à York Factory pour après remonter le fleuve Nelson jusqu’au barrage des rapides de Limestone alors en construction. Une route empruntée par Radisson et des Groseilliers, et plus tard par de nombreuses brigades de voyageurs qui s’affairaient à acheminer fourrures et marchandises, et dont les sentiers de portage sont aujourd’hui encore visibles. Même d’Iberville y est allé de faits d’armes. On peut d’ailleurs suivre ce trajet sur une carte de Réal Bérard, « The Middle Track & Hayes River Route », carte qui nous fait revivre l’épopée de la traite des fourrures, des explorateurs et des voyageurs.

Extrait de The Middle Track & Hayes River Route

 

 

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Toutes les marchandises qui passaient par York Factory étaient marquées au fer rouge avec ce YF. (dessin de Réal Bérard).

Huit cents kilomètres et quatre semaines de découvertes, d’aventures plus ou moins périlleuses et d’histoires passionnantes que je raconte encore aujourd’hui. Cette première expédition, le voyage de ma vie, a réveillé en moi une passion pour l’Histoire et le plein air, et a conduit à cet enthousiasme qui a fait que j’ai voulu en savoir plus sur cette époque du 18 ͤ siècle alors que les voyageurs traversaient lacs, rivières et portages, ne s’arrêtant que pour manger leur pemmican ou leur soupe « rubaboo ». Ils devaient aussi affronter des dangers tels que la famine, le froid et la mort. Ils ont eu le cran, la détermination de survivre et de parcourir des milliers de kilomètres dans de frêles embarcations d’écorce, en pays sauvage. C’était ça, la liberté, choisir son chemin, prendre des risques tout en tenant compte des exigences de la nature et de l’équipement rudimentaire qu’ils possédaient. Les impératifs du commerce des fourrures resserrèrent cette liberté par des horaires précis et des routes préétablies. Ils se levaient avant l’aurore, ramaient toute la journée, disposaient de quelques pauses et dormaient sous les canots. Les voyageurs ont traversé de grandes étendues nordiques sauvages parmi les plus belles du Monde. Ils ont admiré des paysages d’une grande beauté. Illettrés, ils nous ont laissé une riche tradition orale de chansons de canot transmise d’une génération à l’autre.

 

Interagir avec la beauté de nos contrées nordiques, voilà ce que j’ai fait pendant plus de quarante ans. Parcourir la nature, vivre selon son rythme, partager les mêmes horizons sauvages grandioses que les voyageurs ont arpentés. Pour moi, cela constituait le meilleur remède au stress de la vie trépidante d’aujourd’hui. Partir 10 à 15 jours en expédition m’a été bénéfique. Peu de temps après le départ en expédition, pas juste une sortie en canot, un vide se produit et tout le quotidien change pour s’adapter et refléter le moment présent. Et il n’y a que ça qui compte, le moment présent dans la nature. On oublie le boulot, le trafic, les tracas quotidiens, les horaires. Ce sont les besoins essentiels qui prennent le dessus et tout ça dans un environnement grandiose.

 

Vous avez l’esprit d’aventure, l’expédition en canot est pour vous. C’est un autre plaisir à découvrir et d’autres endroits à explorer. Avironner dix heures par jour pendant deux, trois ou même quatre semaines, nous sort d’un quotidien confortable. Tout d’abord, vous n’apportez que des choses utiles : un canot, un aviron, un couteau, une tente, un sac de couchage, une canne à pêche, de la nourriture, des « beans ». Le superflu de la vie reste à la maison. Obligé de composer avec la nature, il y a un effort physique à faire et l’on dépend de son canot. C’est la vie à la dure. Il y a bien sûr les joies d’un feu de camp, le chant des oiseaux, l’agréable sensation de respirer l’air frais du matin, les nuits étoilées et d’autres joies plus palpitantes comme descendre une rivière, sauter un rapide, avironner sur un lac, faire un portage exténuant. Tout ça apporte un calme qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Cette expérience de la nature, les voyageurs la ressentaient. C’était une vie dure, mais c’est toujours la liberté et cette sérénité que leur procurait la nature qui les ramenaient à ce métier de fou!!

 

Ce qui met à part une expédition de canot, c’est qu’inévitablement elle purifie plus rapidement l’âme et le corps que n’importe quoi d’autre. Pierre-Elliott Trudeau affirmait que voyager mille milles[1] en train nous abrutissait, que pédaler cinq cents milles en vélo et nous n’en étions pas moins bourgeois, mais qu’avironner cent milles en canot et déjà, nous étions des enfants de la nature. Pierre-Elliot Trudeau, Exhaustion and Fulfillment: The Ascetic in a Canoe, 1944.

 

Alors, essayons d’imaginer ce qu’a pu être la vie d’un voyageur fin 17e, début 18e siècle. J’ai donc écrit un livre, Les voyageurs d’Amérique, publié aux Éditions GID, dans lequel je vous présente quelques facettes de leur vie périlleuse, mais tout de même fabuleuse, et qui marque encore notre imaginaire. Mon souhait le plus cher serait que ce livre éveille l’intérêt du lecteur, l’incite à enrichir ses connaissances en lisant des ouvrages plus spécialisés et l’encourage à revoir ce passé avec plus de profondeur, pour redonner vie, rendre justice aux voyageurs quant à tout ce qu’ils ont accompli et ramener à notre imaginaire collectif cette page de l’histoire de l’Amérique française.

 

 

[1] Un mille équivaut à 1,6 kilomètre

*   *   *

Pour vous procurer le livre Les voyageurs d’Amérique,

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  • vous pouvez demander à votre bibliothèque de quartier de le commander, c’est gratuit

  • le commander chez votre libraire le plus proche (40 $)

  • le commander aux Éditions GID (40 $ plus les frais de port)

  • Je peux vous le faire parvenir par la poste.
    Je le vends 35 $ plus les frais de port. J’y ajoute une dédicace. Le paiement peut se faire par Interac ou PayPal.

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